Edmond Flegenheimer dit Edmond FLEG est un écrivain français, né à Genève le 26 novembre 1874, mort à Paris le 15 octobre 1963, chantre du peuple juif, de sa culture et de ses traditions. Sa notoriété d’écrivain juif français s’étendait bien au-delà de la France et de l’Europe.
Sensibilisé par l’Affaire Dreyfus, Edmond Fleg (comme Théodore Herzl, André Spire et d’autres grands esprits) prit alors conscience de sa vocation juive à laquelle il demeura fidèle pour le restant de ses jours.
Issu d’une famille alsacienne venue s’installer à Genève après la guerre franco-allemande de 1870, Edmond Fleg a été imprégné, dans son enfance, de culture française peu teintée de judaïsme. Il compléta ses études à Paris où il s’établit définitivement avant la Première Guerre mondiale et, fidèle à une tradition familiale, il combattit en qualité de volontaire dans l’armée française.
Une de ses œuvres les plus marquantes est un acte de foi émouvant, bref et dense,qui porte le titre : « Pourquoi je suis Juif ». (voir encadré à droite) Son judaïsme il l’évoque encore dans un livre édifiant, dédicacé « à mon petit-fils qui n’est pas encore né». L’auteur explique avec force et clarté à son descendant éventuel, les raisons de sa propre fidélité au judaïsme. Hélas, l’interlocuteur supposé, l’héritier tant souhaité et déjà nanti d’un riche legs spirituel, n’a pas vu le jour, car les deux jeunes fils d’Edmond Fleg sont morts tragiquement en 1940, presque en même temps, l’un sur le front et l’autre à Paris.
Que la jeunesse créatrice de l’Éternel habite chacun de vos instants …Que jamais ni dans les pratiques de la religion, ni dans celle de la famille ou de l’amitié, ni dans l’accomplissement de vos devoirs de citoyens ou d’hommes, ni dans le plus humble travail ni dans le plus humble plaisir, les froids mécanismes de l’habitude n’éteignent en vous l’étincelle créatrice qu’y alluma le reflet de la divinité ».
Edmond Fleg raconte la découverte de ses origines par hasard dans « L’enfant prophète »
« Quand j’ai commencé de comprendre, j’avais quel âge ? Cinq ans, quatre ans, peut-être. [l’enfant, accompagné de sa nounou, croise un gros monsieur revêtu d’une soutane]. -Oh ! le joli petit, dit-il. Un vrai petit Jésus ! […] Comment vous appelez-vous, mon enfant ? – Claude Lévy. Il ne bouge pas. Sa figure est encore tout contre la mienne. Mais qu’a t-il? Que ses yeux sont loin, tout à coup ! Et ses joues, qu’elles sont tristes ! – Dommage, dit-il et s’en va ».
Plus tard, le petit garçon, en proie à mille doutes, veut savoir ce qu’est un Juif. Issu lui-même d’un milieu non pratiquant, il est tenté par la conversion au catholicisme, mais un prêtre l’en dissuade et lui demande réfléchir… il n’a que treize ans !
« Quand j’ai dit à maman que je voulais faire ma Bar-mitsva, j’ai dû traduire le mot. Et quand je l’ai eu traduit, elle a été bien surprise ! … – Où vas-tu prendre ces idées, mon Claude ! !…Ton père ne sera pas content ! […] -Savez-vous, mon ami, ce que notre Claude a imaginé, depuis le mariage de Jacques ? Il veut se faire rabbin ? – Pas encore. Mais il veut préparer sa… Comment prononces-tu ce mot Claude ? – Ma Bar-mitsva – Qu’est-ce que c’est que c’est ça ? – Sa première communion israélite – Voilà du nouveau ! Toi qui voulais devenir Éclaireur […] Voyez, chère amie, où mènent les concessions, dit papa. … On traîne ce petit dans une synagogue. Deux notes de musique, trois mots d’hébreu : et voilà un enfant qui tombe dans le mysticisme ! …
Edmond Fleg s’intéressera toute sa vie au monde juif et fondera, en 1926, l’amitié judéo-chrétienne, estimant que le Judaïsme peut adopter Jésus, sans adopter le christianisme.
Moise raconté par les sages – Albin Michel/ 1997, Pourquoi je suis juif – Broché Belles Lettres/ 1995, Jésus raconte par le juif errant – Albin Michel/ 1993 Espaces Libres, Anthologie juive des origines a nos jours – Flammarion/ 1990
Edmond Fleg est également l’auteur d’une vaste fresque poétique en quatre volumes : Écoute, Israël, L’Éternel est notre Dieu, L’Éternel est Un, Et tu aimeras l’Éternel
Je suis juif,
parce que né d’Israël, et l’ayant perdu,
Je l’ai senti revivre en moi,
plus vivant que moi-même.
Je suis juif,
parce que né d’Israël,
et l’ayant retrouvé,
Je veux qu’il vive après moi,
plus vivant qu’en moi-même.
Je suis juif,
parce que la foi d’Israël
n’exige de mon esprit
aucune abdication
Je suis juif,
parce que la foi d’Israël
réclame de mon cœur
toutes les abnégations.
Je suis juif,
parce qu’en tous les lieux
où pleure une souffrance,
le juif pleure.
Je suis juif
est la plus ancienne
parce qu’en tout temps où crie une désespérance,
le juif espère.
Je suis juif,
parce que la parole d’Israël et la plus nouvelle.
Je suis juif,
parce que,pour Israël,
le monde n’est pas achevé,
les hommes l’achèvent.
Je suis juif,
parce que pour Israël,
l’Homme n’est pas créé :
Les hommes le créent.
Je suis juif,
parce qu’au-dessus des Nations et d’Israël,
Israël place l’Homme et son Unité.
Je suis juif,
parce qu’au-dessus de l’Homme,
image de la divine Unité,
Israël place l’Unité divine et sa divinité.
Edmond Fleg